samedi 12 juin 2010

Au rugbymen de montrer la voie

Se déclarant, "comme tous les Français", supporter de l'équipe de France de Raymond Domenech, qui vendredi aura fait son entrée en lice la Coupe du monde en Afrique du Sud, Thierry Dusautoir, le capitaine du XV de France de rugby n'aura pas assister à l'entrée en lice de ses homologues footballeurs tricolores face à l'Uruguay en Coupe du monde, à la différence du staff français et des joueurs non inscrits sur la feuille de match samedi. Réduit à un "plateau télé" dans sa chambre d'hôtel, le Toulousain s'en accommode très bien. "Je préfère honorer une sélection en équipe de France plutôt que d'aller voir un match de foot."

Le 4-3-3 de Domenech, le positionnement de Ribéry ou le statut de remplaçant d'Henry, très peu pour Dusautoir, dont l'équipe, même perdue dans grand barnum du Mondial de football, ne perd pas de vue l'essentiel, ce test-match face aux Springboks, champions du monde en titre. Un adversaire face auquel les Tricolores n'ont plus connu le goût de la défaite depuis... 2005, soit trois victoires de rang. Un bilan remarquable face à une nation de l'hémisphère sud (voir par ailleurs) que les Bleus se verraient bien conforter, sept mois après un dernier succès face à John Smit et ses coéquipiers au Stadium de Toulouse (20-13). Ce soir-là, dans un Stadium enfiévré et à l'aube d'une saison historique pour le rugby français, Dusautoir et sa bande avaient jeté les bases de leur Grand Chelem à venir dans le Tournoi d'une victoire implacable, livrant une véritable leçon dans le combat, l'engagement et la performance du cinq de devant, autant de pré-carrés supposés des Sud-Africains, humiliés sur leurs vertus historiques.

Un combat faussé par l'arbitrage ?

Un camouflet que les Boks n'ont forcément pas oublié, eux qui avaient terminé ce match à l'agonie, concassé par le broyeur tricolore. Concasser, c'est justement le terme employé cette semaine par le dernier venu chez les Bleus, Wenceslas Lauret (lire: Lauret: Les concasser), bombardé titulaire face aux champions du monde pour sa première cape internationale. Malgré ses 21 ans, le flanker biarrot a été à bonne école et se complaît à pratiquer ce travail de démolition méthodique, à l'origine de toutes les grandes conquêtes, toutes les grandes victoires et coups d'éclat du rugby français au cours de ces dix derniers mois.

Une euphorie que les Sud-Africains entendent bien éteindre samedi, au Newlands, pour enfin reprendre la main face à la France et effacer l'affront. Des Boks qui, comme les Bleus en novembre dernier, entament leur saison internationale quand leurs adversaires l'achèvent, "au bout du rouleau", dixit Marc Lièvremont, et pourraient à ce titre venir à manquer de carburant pour nourrir ce feu sacré du combat (lire: La Chronique de Joe Van Niekerk.

Un combat qui s'annonce faussé qui plus est par de nouvelles consignes arbitrales sur le jeu au sol et les fameuses zones de ruck, qui appliquées depuis plusieurs semaines dans le Super 14, confèrent un avantage évident aux nations du Sud et donc aux joueurs de Peter De Villiers, en même temps qu'elles dénaturent le jeu, réduit à un ersatz de rugby à XIII. Une évolution qui, a priori, met à mal la capacité de nuisance de Dusautoir, et plus globalement les qualités du XV de France, dont la réussite récente s'appuie justement sur ces ballons de récupération. Et Lièvremont ne croyait sans doute pas si bien dire lorsqu'il y a quelques mois, à l'heure de convoquer ses trente joueurs pour la tournée, il affirmait: "Les gens du Sud ont encore beaucoup d'avance sur nous."
Un coup d'avance aux allures de coup de pouce de l'IRB qui contraindra Nallet, Millo-Chluski, Mas, Domingo et les autres guerriers du paquet d'avants tricolores à abandonner leurs réflexes du Top 14 pour ne pas trop se consommer au sol et offrir les espaces, ou les fautes, aux Sud-Africains et à leur buteur métronome, Morne Steyn. D'où la priorité érigée par le petit caporal, Morgan Parra: "C'est de répondre présent dans l'agressivité et le combat. On a vu que cette équipe porte beaucoup le ballon, qu'elle est capable d'enchaîner les temps de jeu et qu'elle vient chercher la ligne d'avantage, explique le porte-bonheur du rugby français dans La Dépêche du Midi. Quand elle écarte (le ballon), c'est qu'elle est sûre d'avoir l'intervalle". Même s'il précise: "Il faudra mettre ce rythme mais savoir le gérer aussi. On ne pourra pas tout jouer, il va falloir gérer et surtout garder le ballon sous peine de perdre 80 mètres."

Parra répond à De Villiers

Steyn, l'un des champions du monde et finalistes du Super 14 de retour pour l'occasion après la dispense du test gagné dans la douleur face aux Gallois le week-end dernier (34-31). Une performance qui n'a convaincu ni Lièvremont et ses adjoints, ni... De Villiers lui-même, qui n'a ainsi pas hésité à ouvrir les débats dès cette semaine en critiquant les championnats européens et le Top 14 en particulier (lire: De Villiers joue la provoc').

S'il voulait aiguiser la motivation des Bleus, le technicien springbok a fait mouche. Et Parra, pas le moins fier de nos Bleus, n'a en réponse pas hésité à tailler la doublure de Fourie Du Preez, le demi de mêlée Ricky Januarie, qualifié de "pitbull... gras". Un supplément d'âme qui ne sera pas de trop pour espérer marquer encore au fer rouge les champions du monde. Et signer au moins une victoire française ce week-end en Afrique du Sud.

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