Vendredi soir à Saint-Pierre de la Réunion, sur la pelouse du petit stade Michel-Volnay. La frappe du Chinois Zhuoxang secoue les filets d’Hugo Lloris peu après l’heure de jeu. Les visages des Bleus se crispent. Les têtes se baissent. Nul ne souffle mot. Pas de réactions ni d’encouragements. Personne pour haranguer le groupe et au final une défaite (1-0).
Retour en arrière. 7 juin 2006, France - Chine, dernier match de préparation avant le Mondial en Allemagne. Les Chinois égalisent après l’ouverture du score de David Trezeguet. Lilian Thuram, Zinedine Zidane et Claude Makelele incitent alors leurs coéquipiers à se faire violence. Ils engueulent un peu tout le monde. Les Français l’emportent finalement 3-1.
Il est difficile de comparer deux générations de joueurs à quatre ans d’intervalle. Mais la différence de comportement est loin d’être anecdotique. Elle dénote du cruel manque de leaders qui frappe actuellement cette équipe de France. Thierry Henry, le doyen des sélections avec 120 capes, est un cadre, comme William Gallas (80 sélections) voire Franck Ribéry (44), Eric Abidal (47) ou le nouveau capitaine, Patrice Evra (29). Mais ils ne sont pas des leaders dans l’âme : s’ils ont souvent un discours mobilisateur, ils n’ont ni le charisme pour s’ériger en exemple, ni les mots pour exhorter leurs partenaires. Henry, de surcroît, semble fragilisé par son nouveau statut de remplaçant.
Quant à Gallas, il a mal vécu de voir Evra hériter du brassard. A leur époque, Zidane et consorts avaient, eux, le profil de vrais patrons, alliant le caractère, l’expérience et l’influence.
Les Bleus n’ont pas de Terry ou de Cannavaro
A n’importe quel niveau de football, des divisions les plus basses aux compétitions les plus élevées, un groupe a besoin d’éléments moteurs qui, sur le terrain, se substituent à l’entraîneur pour recadrer leurs partenaires. Un meneur, c’est avant tout un relais. Demandez à Fabio Capello, le sélectionneur de l’Angleterre, à quoi lui sert John Terry ou Frank Lampard ? En Italie, que ferait Marcelo Lippi sans Fabio Cannavaro ou Andrea Pirlo ? Quand les Bleus semblaient perdus vendredi dernier lors des 60 premières minutes face à la Chine, personne sur la pelouse n’a ainsi su secouer et rameuter les troupes. Et à aucun moment, non plus, Raymond Domenech, debout devant son banc de touche, n’a appelé l’un de ses cadres pour lui donner les consignes à appliquer.
Cette équipe de France chemine ainsi sans leader sur un terrain glissant. Et donc forcément sans les repères qu’il représente. Elle en a souffert cruellement lors des éliminatoires. Malheureusement, il va lui falloir faire avec en Afrique du Sud, ou plutôt sans, car on ne s’improvise pas leader aussi facilement.
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